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Éducation, Enfance, Santé, Agriculture, Droits de l'Homme, Culture

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Actes du Forum des Acteurs de développement

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Actes du Forum des Acteurs de développement

«L’auto-développement en Haïti : rêve ou réalité ?»

Bruxelles, 3 novembre 2017

Affiche Forum 600

 

Introduction

Dans le cadre de la célébration du 20ème anniversaire de la coopération bilatérale entre Wallonie-Bruxelles et Haïti, la Plateforme Haïti.be a organisé avec l’appui de WBI, un forum des acteurs de développement sur la thématique «L’auto-développement en Haïti : rêve ou réalité ?», avec le concours d’experts haïtiens, belges et européens.

L’objectif du forum réside dans la motivation du public cible - et tout particulièrement les acteurs belges de coopération - à intégrer dans ses relations et sa coopération avec Haïti, un nouveau regard sur les potentialités de la société haïtienne actuelle, dans la perspective de son évolution vers une société collaborative et solidaire, notamment par la valorisation de l’important travail de terrain opéré en ce sens par les organisations de la société civile (OSC) haïtiennes.

Le forum a rassemblé un public nombreux, composé de représentants d’associations actives en et autour d’Haïti, et de personnes intéressées par les questions liées au développement de ce pays.

Il s’est décliné selon quatre axes. Chacun a fait l’objet d’un exposé clair et précis par un conférencier haïtien issu de la société civile (lien vers la présentation des experts), invité à cette occasion par la Plateforme Haïti.be. Les exposés portaient à la fois sur un état des lieux sectoriel et sur les leviers de développement qui se déploient au sein de la société civile :

 

Exposés des conférenciers haïtiens

Ces exposés ont suscité de nombreux échanges dans le cadre d’ateliers thématiques encadrés par les conférenciers eux-mêmes. Chaque atelier a identifié les aspects importants de la situation actuelle, les difficultés qui en résultent et quelques pistes de travail pour les différents acteurs de développement.

 

Atelier « environnement »

Thématique : « L’approche environnementale et territoriale pour une meilleure cohérence des actions de développement en Haïti »

Expert haïtien : David Tilus, Directeur général de l’organisation GAFE – Groupe d’action francophone pour l’Environnement

L’atelier a d’abord ciblé les différents points d’attention des participants. Avant de répondre aux questions sur l’analyse de la situation actuelle et des différentes solutions envisageables.

Les constats

Bien que le Ministère de l'Environnement Haïtien (MDE) ait été créé en novembre 1994 par le Gouvernement haïtien en vue de promouvoir le développement durable et favoriser en même temps la conservation de l'environnement, ce ministère dispose de peu de moyens. Le positionnement et la politique environnementale restent faibles et le budget dérisoire. Notons qu’une feuille de route a été mise en place sous le Gouvernement Moïse (lien vers la feuille de route). On observe une carence d’ambition et de stratégie nationale. Plusieurs actions (avec budgets conséquents) ont été (et sont) menées mais soutenues par des projets d’organisations internationales sans que cela ne suive une réelle politique haïtienne.

Notons également qu’un cadre (quelques lois existent - exemple de l’interdiction de l’utilisation du polystyrène) mais peu de mise en œuvre des lois ; de plus, la corruption empêche le respect des règles environnementales établies.

Comme dans d’autres secteurs, la fuite des forces vives (du milieu rural vers les grandes villes et depuis Haïti vers l’étranger) mine les efforts de changement de mentalité et de perception de l’environnement. L’esprit d’« entrepreneur vert” est à développer comme un réel esprit d’entrepreneuriat. L’émigration d’Haïtiens réduit le potentiel de développent environnemental.

La sensibilisation à l’environnement n’est pas assez intensive (bien que des initiatives existent)

D’une part, Haïti subit les conséquences du changement climatique (ouragan, inondation, ...) et d’autre part, le peu d’infrastructures de gestion environnementale (gestion des déchets, maîtrise des sols,...) sont insuffisantes. La situation environnementale est considérée comme catastrophique.

La répartition des responsabilités environnementales est déficiente. Certaines administrations ou politiques peuvent même apparaitre contradictoires ou en conflit.

Les organisations haïtiennes dans le domaine de l’environnement ne travaillent que peu en réseau. Les plaidoyers sont timides et n’ont qu’une portée réduite. Dans certains secteurs de l’environnement, les plaidoyers sont mêmes inexistants (choix environnementaux des produits d’importation, ...) Nous ne notons pas d’analyse critique environnementale de la société civile sur les politiques nationales haïtiennes.

Bon nombre de stratégies d’organisations internationales, locales, administrations, associations ne sont pas réfléchies en termes de développement durable. Nous pouvons trouver toute une série d’actions ayant des impacts négatifs majeurs (par exemple, des actions de financement “cash for work” pour dégager les arbres renversés par les ouragans menant la population à couper des arbres sains pour recevoir de l’argent, ...)

IL n’y a pas de financement d’activités économiques environnementales.

La compréhension des divers aspects de l’environnement par la population est faible. Il y a donc une carence d’information et de formation dans le secteur.

Les membres de l’atelier ont alors débattu des pistes de solutions.

Les pistes de solution

Le travail de plaidoyer doit être initié, structuré ; collectif et cibler plusieurs thématiques et publics (politique, ONG, différents niveaux de pouvoirs, administration locale, société civile,...).

Afin de renforcer les stratégies nationales et appuyer tout projet initié en Haïti, il est indispensable qu’un Observatoire haïtien de l’environnement soit mis en place afin de mettre en place un monitoring de l’état des lieux de l’environnement en Haïti.

La mise en place d’une société civile haïtienne forte et capable de dialoguer avec les différents acteurs est indispensable pour annoncer et définir des exigences environnementales devant les autorités haïtiennes. La défense de valeurs environnementales par la société civile donnera pour chaque projet de loi et arrêté d’exécution, de nouvelles opportunités et contraintes. La société civile doit devenir un catalyseur dans le domaine de l’environnement.

La création d’un réseau d’acteurs de l’environnement en Haïti permettra de renforcer les différents plaidoyers, d’augmenter la portée des projets, ... Ce réseau fort n’existe pas. Il est aussi important que la population haïtienne y soit représentée.

Tous les acteurs de développement ainsi que les bailleurs doivent considérer l’environnement comme thème transversal et envisager, pour toute action, l’impact et les conséquences environnementales. L’ensemble des ODD (Objectifs du Développement durable) doivent servir de critères d’analyse pour les actions et stratégies.

Dans ce sens une Charte ou tout autre engagement des différents acteurs et bailleurs apparait comme une première étape.

La formation aux enjeux environnementaux (ainsi que les lois, décrets, ...) des différents niveaux de pouvoir doit être réalisée. Les formations doivent aussi être mises en place au niveau scolaire.

Il existe quelques initiatives environnementales mais il faut, d’une part, les faire connaitre et, d’autre part, en développer d’autres. L’entrepreneuriat environnemental doit être développé et soutenu.

 


Résumé « environnement »

Situation actuelle et difficultés

Pistes, nouvelles stratégies

Etat Haïtien peu impliqué– pas de réel ministère de l’environnement (absence de stratégie nationale)

Plaidoyer (en Haïti et ailleurs) auprès des différents niveaux de pouvoir  - Mise en place d’un observatoire (état des lieux) pour appuyer les plaidoyers et les stratégies politiques

Corruption – empêche l’évolution des mentalités

Fuite des cerveaux, pas de conscientisation à l’environnement

Développer le contre-pouvoir haïtien

La société haïtienne doit définir des exigences environnementales et les revendiquer.

Situation environnementale catastrophique

Impliquer tous les partenaires, bailleurs acteurs,…  avec le thème transversal de l’environnement. L’Environnement doit primer dans les projets -  (ODD)

Chacun garde son pouvoir

Pas de volonté de décentralisation

Placer la société civile forte – Renforcer les liaisons avec les différents niveaux de l’Etat

Plaidoyer faible voire inexistant ; la méfiance, les acteurs dans leur coin. Peu de société civile – pour réclamer auprès des autorités.

Plaidoyer – mise en réseau – Mise en place d’exigences

Budget – mais pas réfléchi à long terme.

Imposer une Charte au niveau des bailleurs et acteurs de développement. Développer une sensibilité des partenaires locaux.

Lois existent mais pas d’application -

Former les différents niveaux de pouvoir, juges, police. Pression sur les élus locaux, casec, ... ; information auprès des niveaux de pouvoir.

Stratégie à court terme telle que « Payer pour nettoyer » induisant une déresponsabilisation et des business non durables

Créer des entreprises participatives – gestion des déchets… - Des initiatives existent – à promouvoir

Valoriser le développement citoyen.  Cibler le citoyen acteur de changement

Ancrage Culturel - Mais parfois refus de bouger - Manque de connaissance.  La société en général ne se pose pas la question de l’environnement.

Conscientiser – Formation au tri -  expériences intéressantes existantes – Fixer les exigences.

Intégration de l’environnement au Cursus Scolaire – mais les outils ne sont pas encore mis en place par le ministère.

Changements climatiques

Interpeller les bailleurs. Pour les stratégies – Plateforme  Pousser l’évaluation de l’impact et non celle des compta.

Projets avortés ou aux impacts faibles

Mise en place de catalyseur par la Société civile – facilitateur – mise en synergie.

 


Atelier « éducation / formation »

Thématiques :

  • « Quel ancrage pour l’éducation et la formation face aux défis sociétaux actuels en Haïti ? »
  • « Les nouvelles technologies trouvent-elles leur place dans le contexte éducatif haïtien ? »

Experte haïtienne : Josette Bruffaerts-Thomas, Présidente de l’ONG Haïti Futur

Les constats

Différents écueils ont été mis en évidence :

  • Prédominance du « parcœurisme » en opposition à l’analyse personnelle, cette dernière requérant une « émancipation » difficile pour les enseignants par rapport à l’approche traditionnelle, les obligeant à sortir de leur zone de confort, et supposant un investissement plus grand de leur part.
  • Difficulté de la langue: le créole parlé à la maison et le français à l’école. Le créole reste un « tabou ». En outre, la pratique de l’anglais s’installe progressivement. Un point positif : l’enseignement scolaire commence en créole et passe progressivement au français, une adaptation progressive qui facilite la progression de l’élève et respecte son identité.
  • Inadaptation de la plupart des contenus: manque d’actualisation des contenus afin de les adapter aux réalités haïtiennes.
  • Orientation de l’enseignement : préparation pour la réussite des examens ou préparation à la vie ?
  • Les méthodes d’éducation populaire (très ancrées dans la réalité) existent mais n’ont jamais vraiment inspiré l’enseignement en Haïti. L’éducation populaire (mouvements sociaux) reste cloisonnée par rapport à l’éducation formelle traditionnelle.
  • L’école entretient un clivage profond (élite versus monde provincial et paysan) dans la société. La connaissance du français est indispensable pour accéder à des postes importants.
  • « Commercialisation » des universités privées. Dévalorisation du diplôme privé par rapport au public.
  • Manque de coordination entre les acteurs de l’éducation et les autres en lien avec l’éducation. Manque de connaissance du terrain, et imposition des acteurs extérieurs au pays. Concurrence transposée dans la coopération au développement. Gaspillage de l’argent des bailleurs publics et privés.
  • Nécessité de subvenir aux besoins de base, qui passent de temps en temps avant la formation.
  • Un projet politique de contrôle existait sous Duvalier. Maintenant l’Etat ne contrôle plus rien et se déresponsabilise.
  • Faible taux de scolarisation.
  • Le « permis d’enseigner », conditionné par une formation continuée de 600 heures, n‘a pas été vraiment instauré. De nouveaux enseignants n‘ont pas été vraiment mis en place dans les écoles.
  • Fatalisme : on remet tout « dans les mains de Dieu ».
  • Problème de l’absentéisme des professeurs. Certains perçoivent une rémunération mais n’accomplissent pas leur devoir d’enseignant, tandis que d’autres qui ne sont pas payés donnent cours. Certains nommés paient quelqu’un d’autre pour enseigner à leur place !!!
  • On dénombre de nombreuses structures « éléphant blanc », c’est-à-dire de gros bâtiments construits pour héberger des écoles mais où le nécessaire n’a pas été fait pour assurer le bon fonctionnement de celles-ci.
  • Le budget éducation est passé de 9% en 2002 à 20% actuellement.

Les pistes de solution

Pour dépasser la concurrence entre institutions, promouvoir la collaboration entre elles. A titre d’exemple, Haïti Futur encourage la collaboration au-delà des clivages, de nouveaux projets sont portés par des associations. Collaboration effective, concrète. Une stratégie de communication est requise pour promouvoir ces initiatives.

Comment inverser le rôle de l’Etat « qui disperse tout » ? Par des mouvements citoyens. On est dans une impasse au niveau du gouvernement. La société civile doit se mobiliser. Des synergies sont à mettre en place. Il faudrait pouvoir toucher tous les secteurs en même temps.

La coopération décentralisée de commune à commune peut être un moyen pour soutenir des associations locales, sans se substituer à elles. La collaboration d’Etat à Etat reste importante. Quid si « l’Etat est malade… » ?

L’école est la base car elle touche les parents, les enfants, les familles, donc de nombreuses personnes. Il importe de partir de la base, de l’école comme lieu pour rassembler les citoyens.

Pistes pour contrer le « parcœurisme » : recours au tableau interactif et formation des enseignants.

Il importe de travailler à l’autonomisation des écoles dépendant de l’aide extérieure, par exemple en optant pour la création de jardins communautaires, de mini-entreprises sociales, afin de diminuer progressivement leur dépendance.

Il apparaît nécessaire de mettre en place une « Fédération des écoles privées », des syndicats d’enseignants.

Il conviendrait de favoriser le développement de la pratique créative : arts, chants comme outils d’apprentissage. Et de recourir aux médias !

Une orientation professionnelle des étudiants est indispensable, tout comme la formation aux métiers et la pratique de ceux-ci.

La lutte contre l’exode rural et la fuite des cerveaux est une urgence en Haïti !


Résumé « éducation / formation »

Situation actuelle

Difficultés

Pistes, nouvelles stratégies

Gouvernance centralisée, peu responsable

Instabilité politique

Gaspillage des moyens financiers

Enseignants peu/mal formés

Dévalorisation de la fonction d’enseignant

Mouvements citoyens au niveau des

sections communales à partir de l’école

Organisation du contrôle de l’Etat

Développement de fédérations, de

syndicats, …

Multitude d’écoles privées > écoles publiques

Multitude d’intervenants étrangers peu ou pas encadrés par le MENFP

Coût de formation inaccessible pour beaucoup

Dévalorisation des diplômes

Concurrence

Risque d’inadaptation à la réalité haïtienne

Autonomisation financière des écoles

privées : entreprises d’économie sociale …

Collaboration, synergie, visibilité, forum, Plate-Forme, ...

Coordination des acteurs

Clivage social =) faible taux de scolarisation

Ville >< campagnes

Riches >< pauvres

Français >< créole (+ anglais)

Inégalité des chances

Pour beaucoup, besoins de base non rencontrés

« Asseoir » le créole avant d’aborder le

français : progression qui respecte

l’identité

Soutien et développement des initiatives citoyennes en région rurale, des projets de formation à caractère social

Satisfaire les besoins de base : nourriture,  vêtements, …

- « Parcoeurisme »

- Programmes peu adaptés : centrés sur les contenus – manque de pistes didactiques

Difficultés de compréhension, d’analyse, d’application

Inadaptation des contenus et des pratiques pédagogiques

Formation continue des enseignants.

Méthodes d’éducation populaire

Support numérique intégrant des pistes

didactiques, utilisation des médias

Développement de la pratique créative

Développement de la formation

professionnelle de base, de l’orientation

 professionnelle

 

Atelier « identité/citoyenneté »

 

Thématique : « Quel rôle pour les médias dans l’établissement de la démocratie et le développement des communautés locales en Haïti ? »

Expert haïtien : Ary Régis, Directeur général de l’organisation SAKS

SAKS (Société d’animation et de communication sociale) est un réseau de radios communautaires locales. Ary Régis en est le Directeur général.

SAKS a pour objectifs :

  • promouvoir le droit à la communication. Ce réseau donne la possibilité aux habitants des communautés locales de prendre la parole dans les médias/radios. Ce qui n’était pas évident car au départ, la langue utilisée était le français que la plupart des gens ne maîtrisaient pas, et ils n’avaient donc pas accès à ces médias ;
  • promouvoir les organisations de base, surtout celles destinées aux femmes, avec des projets de développement en agriculture, droits humains ;
  • renforcer les organisations et le mouvement social (démocratie) ;
  • promouvoir la défense des droits culturels, notamment la culture populaire via le folklore et la créativité (médecine traditionnelle, cuisine, création « dans la nature », …)

Rôle de SAKS : identification des besoins des populations, recherche de financement, aide au montage de radios communautaires, accompagnement des radios toute l’année (SAKS n’a pas sa radio propre). Cela requiert de disposer de moyens propres de communication comme outil de sensibilisation, afin de promouvoir l’éducation, la formation à l’agriculture et à la santé, les droits humains. En 2018 est prévue une évaluation.

Les radios communautaires

SAKS travaille avec 43 radios communautaires locales qui sont de types différents (parfois constituées d’une seule personne).

Les caractéristiques des radios communautaires sont :

1/ la propriété collective,

2/la mise en place d’un fonctionnement démocratique,

3/ le contenu de la programmation qui doit correspondre aux besoins de la communauté.

En outre, SAKS :

=> collabore avec des radios locales partenaires pour la diffusion des programmes,

=> prévoit un accompagnement constant des radios partenaires,

=> désire que toutes les radios deviennent communautaires,

=> porte son attention au choix des membres, surtout des agriculteurs qui sont à la base marginalisés au niveau social, économique. Ceux-ci sont ainsi valorisés et ont la possibilité de s’exprimer.

Ce qui induit que :

=> la durabilité des radios est assurée,

=> il existe plus de partage et de débats pour participer à la vie locale, citoyenne et du pays.

 

Les défis principaux

1/ Les radios fonctionnent de manière bénévole pour leur communauté. Etant donné la situation économique difficile, il y a une pénurie de ressources humaines : pas assez de jeunes qui ont du temps à offrir, exode des membres pour aller travailler en ville, jeunes à former de façon continue.

En ce qui concerne la durée des émissions quotidiennes, les radios émettent entre 4h et 12h par jour (s’il s’agit de seulement 4 h : en général, la radio opère l’après –midi).

Les équipements sont obsolètes, les nouvelles technologies sont coûteuses et nécessitent des personnes qualifiées.

Exemple : recours au système d’énergie solaire mais dont la maintenance n’est pas prévue et qui n’est pas sécurisé.

2/ Statuts des radios

Un décret de 1987 indique qu’il existe 3 catégories de radio : commerciale, d’Etat et professionnelle. Les radios communautaires ne sont donc pas inscrites dans le décret. Elles sont légitimes et reconnues mais n’ont pas accès à des licences ou à des financements publics. Sorte d’acceptation tacite qui les rend vulnérables.

Les enjeux

1/ Comment intégrer les jeunes dans un esprit de communauté ? Comment les retenir ? Des moyens sont nécessaires pour y arriver.

2/ La radio communautaire joue un rôle important lors des élections : tous peuvent s’exprimer.

3/ Un code de déontologie a été mis en place avec l’aide de l’UNESCO. Il n’est pas permis de diffuser des messages politiques à la radio et si un membre est impliqué dans la politique, il doit se retirer.

4/ En 2008, les statistiques officielles indiquent 1 million 700.000 auditeurs (pour rappel : 11 millions d’habitants en Haïti)

 

Les pistes de solution

1/ La radio communautaire suscite des vocations chez les agriculteurs car les émissions sont faites à leur intention. Les radios sont aussi la propriété des communautés agricoles de base.

2/ Pour ce qui concerne l’emploi, les radios communautaires fonctionnent sur base bénévole mais ce n’est pas suffisant pour exister. De plus, les bénévoles doivent s‘engager, posséder des compétences, gérer les questions diverses : complexe à réunir ! Comment développer le sens des responsabilités chez les jeunes, le souci de s’investir ? Des dynamiques existent actuellement mais ne sont pas suffisantes.

3/.Les radios offrent des services à l’Etat en diffusant des messages moyennant une petite contribution. Donc des échanges existent mais l’Etat n’accorde pas de subvention car il n’existe pas de reconnaissance formelle de ce type de radio.

4/. Un projet de loi a été déposé auprès de la chambre du Sénat. Il y est prévu d’introduire cette catégorie de radio.

5/.Une 2eme loi prévoira un financement public car il s’agit d’un service public.

6/.Des initiatives d’économie sociale et solidaire se développent. Deux expériences de coopérative agricole se développent dans deux communautés.

7/.La radio est un levier pour l’organisation de la société civile, la mobilisation des citoyens car chaque famille dispose d’une radio, ou d’un téléphone qui lui permet d’écouter la radio.

Elle touche aussi les personnes âgées et handicapées, même si celles –ci ne bénéficient que de retombées indirectes pour le moment (pas encore d’émissions qui leur sont destinées).

8/.Un des soucis reste l’accès à l’électricité. La source alternative est l’énergie solaire. Exemple : pour mettre à profit l’énergie solaire, on installe des AGR : possibilité de recharger son téléphone moyennant un petit défraiement.

 

Conclusion d’Ary Régis

La diaspora envoie en Haïti 2 à 3 milliards/an, ce qui représente beaucoup plus d’argent que celui octroyé par la coopération internationale ; ces milliards servent uniquement à la consommation individuelle et familiale. Comment faire en sorte que l’argent de la diaspora serve à renforcer le pays ? Un exemple d’implication de la diaspora : soutien à un projet éducatif se déployant du préscolaire jusqu’à l’université, en impliquant la communauté concernée.

Les Haïtiens doivent se sentir concernés : « se mettre ensemble à l’extérieur pour faire évoluer la situation à l’intérieur », accompagnés par les efforts de la coopération internationale. Les projets devraient être plus innovants car, jusqu’à ce jour, les actions sont trop restreintes. Il est nécessaire de partager les appuis financiers, l’esprit entrepreneurial, les compétences locales.

Pour cela, un travail de conscientisation est à faire ; il faut mettre en place une approche d’écoute collective et trouver des perspectives à partir de l’écoute ; il faut construire l’entrepreneuriat, la solidarité.

 

Résumé « Identité / citoyenneté »

Forces

Faiblesses

Pistes de solution

Droit, légalité, le cadre existe

Si absence de droit – carence de défense des libertés

Développer les différentes missions de la Justice  - Renforcer les réseaux de défense des citoyens.

L’identité forte mais citoyenneté faible

Désinvestissement, résignation

Accessibilité des savoirs pour le plus grand nombre Utiliser les potentiels locaux

 

Citoyenneté liée à un contrat, attentisme de la population

Valoriser les traditions orales, la culture (motivation intrinsèque)

Espoir, se sentir concerné

Migration des Haïtiens vers le continent américain peu productive – les transferts de la diaspora ne servent pas à la société haïtienne mais à l’individu

Développer des actions locales, dialogue citoyen avec la diaspora, citoyenneté mondiale

 

Relations internationales non équilibrées, dépendance politique

Interpellations, relais et actions citoyennes politiques

 

Importation en concurrence directe avec la production locale (ex.  : riz ou poulet)

Développer l’économie solidaire

 

Méfiance envers l'Etat, envers celui qui réussit

Inspirer le sens du collectif, transparence

 

État souvent absent,  corruption

Développent du leadership local ; soutien des projets citoyens, apprendre la politique et à s'organiser

 

Minorité informée sur les initiatives et droits

Sensibilisation radio, Web, réseaux sociaux

 

Danger du populisme

Education, connaissance, se sentir capable, formation

 

Atelier « souveraineté alimentaire »

Thématique : « Face aux défis de la souveraineté alimentaire : de la fatalité à la résistance, le monde paysan haïtien développe ses stratégies »

Experte haïtienne : Olga Marcelin, Directrice générale de l’organisation AFLIDEPA – Association des Femmes de Limonade pour le Développement de la Production agricole et de l’Artisanat

 

La Souveraineté alimentaire (SA) est-elle un ancrage pour le changement en Haïti ?

Les constats

Haïti a été autosuffisant de l'indépendance à 1920. Le basculement se fait alors, quand l'Etat supprime les taxes à l'importation : la concurrence extérieure avec des importations alimentaires massives à moindre prix, est néfaste aux paysans haïtiens et l'Etat se retrouve privé de ressources pour soutenir l'agriculture locale. Cela se passe dans le contexte des politiques d'ajustement structurel et les pays occidentaux ont donc une part de responsabilité dans l'évolution de la paysannerie en Haïti. Le sous-développement agricole actuel n'est donc pas un état depuis toujours, mais un recul de la situation en Haïti.

Aujourd'hui, il n'y a pas de réelle politique agricole et celle qui pourrait se mettre en place est orientée vers un soutien à l'agro-industrie, et pas du tout vers un modèle alternatif ni un soutien financier aux agriculteurs.

Malgré cela, la petite agriculture est résiliente et les paysans représentent 60% de l'emploi en Haïti. Il faudrait encourager les petits exploitants. Haïti reste donc, malgré tout, un pays d'agriculteurs. Et c'est au départ un pays fertile, avec par exemple, deux récoltes par an dans l'Artibonite.

Actuellement, il n'y pas ou peu de formation agricole à long terme pour les jeunes. Beaucoup de compétences de base se sont perdues au cours du temps. Les formations sont donc importantes de même que la mise en place de techniques innovantes. La société civile a là aussi son rôle à jouer.

Le Département de l'Agriculture est complice de ce qui se passe quant à l'abandon de la paysannerie.

On constate en fait une convergence d'intérêt entre ceux qui dominent l'Etat haïtien et ceux qui définissent les politiques internationales (en particulier les multinationales) : cela converge vers un mépris de la paysannerie et une volonté de convertir les paysans en salariés. Les paysans disent que l’Etat ne s’occupe pas d’eux. On parle d'ailleurs des paysans comme des « moun andeyo », «les gens en dehors ».

Comment faire reconnaître qu'Haïti est un pays d’agriculteurs et comment ancrer les politiques sur les populations rurales et le secteur informel ?  En fait, l'Etat n'a jamais misé sur eux. L'Etat a parié sur développement du tourisme, des zones franches, de grandes exploitations, pas sur une vision pour les agriculteurs haïtiens. Il n'a pas cherché les solutions aux crises par la production locale. Or l'exemple rwandais montre que cela est possible : le gouvernement rwandais a une politique qui s'appuie sur les petites structures et non sur les grandes plantations. 

Face à tout cela, on doit s’interroger sur la force du mouvement paysan.

La situation de l'agriculture en Haïti est due à plusieurs responsables : l'Etat, le changement climatique, l'influence des autres pays. Voir par exemple la concurrence qui fait que le riz de l'Artibonite est plus cher que le riz importé. Du coup, beaucoup de paysans ont laissé la terre (vente) pour acheter une moto ou se tourner vers un autre business informel, ou encore pour s'expatrier au Chili ou au Canada.

Beaucoup de paysans se retrouvent ainsi sans terre et obligés d’acheter de la terre (de même, AFLIDEPA a dû acheter de la terre pour des parcelles communautaires).

Les pistes de solution

Les agriculteurs/trices ne veulent pas rester dans l’inaction. Selon Olga Marcelin, ce sont eux qui doivent commencer et les autres vont suivre. L'essentiel est de commencer, ce que fait l'association AFLIDEPA à Limonade, à travers des jardins individuels ou communautaires, des vaches distribuées dans le système du « pase kado », des parcs de chèvres et bien d'autres initiatives. AFLIDEPA soutient aussi une association de handicapés, qui s'impliquent dans l'agriculture, au sein de leur propre association SEL (Source d'Espoir de Limonade). On souligne ce qu'a de prophétique un tel engagement avec des handicapés, habituellement soumis au plus grand mépris (on les nomme Cocobé = vagin muet). AFLIDEPA pratique aussi l'encadrement des jeunes (9 ans) dans l’agriculture.

Tout ceci repose sur une vision et des convictions fortes : « Le changement du pays est dans tes mains. Il ne va pas se faire pour toi sans toi ». Une personne handicapée est une personne comme les autres qui doit participer au changement du pays.

A Limonade, le sport est aussi considéré comme moyen de changement, en liant sport et agriculture (bien manger pour bien performer). AFLIDEPA travaille à ce niveau avec une autre association locale : Femina multisport (où l'on fait du judo, du taekwando, de la boxe etc...)

Les ressources d'AFLIDEPA viennent en premier lieu des cotisations des membres. Les partenaires viennent ensuite. La contribution des membres se fait d'abord par la cotisation, mais aussi par une participation volontaire à l’activité. La cotisation est identique pour chacune des femmes membres, mais calculée sur les moyens des plus pauvres pour ne pas les exclure ni porter atteinte à leur dignité.

La pratique AFLIDEPA est exprimée par quelques formules : IRI (Intégration Responsabilisation Implication) ; PCC (Planification Coordination Communication). 

Il s'agit d'une association de femmes, mais qui pratique une politique de la famille, en impliquant tous ses membres (père, mère, enfants). Cela est illustré par l'exemple de l'élevage. La situation existante, c'est que l'homme est propriétaire de la vache et que la femme n'a aucun droit sur celle-ci. AFLIDEPA est allée à l'encontre de cet état de fait en distribuant des vaches aux femmes. C'est une façon d'apporter un démenti au préjugé que la femme ne peut rien faire. Cela profite à toute la famille et cela « éveille » les hommes.

AFLIDEPA pense que la notion d'harmonie est importante dans la communauté et dans la famille. Dans la communauté, cela signifie aussi la collaboration avec d'autres associations. On a déjà cité SEL (handicapés), Femina Multisports, mais il y en a d'autres : Letagogo (coopérative laitière), CRAB (coordination des associations locales), Macon etc...

Des élus locaux participent aux activités et cela contribue à leur assurer une reconnaissance.

L'exemple d'AFLIDEPA amène à parler des MUSO (Mutuelles de Solidarité). Ces caisses mutuelles visent à faire face à la difficulté des paysans à trouver du crédit. On trouve beaucoup de femmes dans les comités de gestion de ces mutuelles et l'expérience montre là aussi que cela conduit à l’amélioration des relations dans les couples, et notamment une réduction des violences.

En conclusion, on essaie de voir ce qui, dans l'exemple d'AFLIDEPA, permet d'être innovant et durable :

  • disposer d’un bon comité central et d’une bonne coordination de chaque zone,
  • que chaque membre ait une responsabilité clairement définie,
  • mettre en place un bon comité de suivi pour chaque activité,
  • assurer un bon fonctionnement du système de « pase kado ».

Olga Marcelin pense que cela reste cependant insuffisant : alors qu’AFLIDEPA arrive difficilement actuellement à ce que chaque membre dispose d'une vache, l'ambition est que chaque membre dispose de 10 vaches.

Cet exemple d'initiative permet de comprendre la force de la femme en Haïti.

La réflexion sur l'ancrage local d'AFLIDEPA montre aussi l'importance de disposer d'un Plan de Développement local et d'y contribuer.

 

Résumé « Souveraineté alimentaire »

Situation actuelle et difficultés

Pistes, nouvelles stratégies

·         Haïti a été autosuffisant (jusque 1920)

·         Dans les années 90: ajustement structurel, fin des taxes d’importation, situation défavorable à l’agriculture haïtienne

·         Situation actuelle due à des décisions défavorables prises localement, mais aussi due à des décisions/ impositions de nos pays (Etats Unis, Europe,…)

·         Faciliter l’accès aux innovations

·         Faire du plaidoyer pour obtenir une politique agricole claire

·         Amener les politiques à s’impliquer dans le développement amorcé par les initiatives citoyennes

·         Intégration, responsabilisation, implication mènent à la DURABILITE des initiatives

·         Développer des modèles permettant de renforcer les petits agriculteurs face au monopole de l’agro-industrie (agro-écologie,…)

·          

·         Politiques pro agro-industrie et défavorable aux petits agriculteurs

·         Petits agriculteurs: problème d’accès à la terre et au crédit

·         Recentrer la femme dans la famille, appuyer les activités des femmes, moteur de développement

·         Prendre en compte tout le monde pour amorcer le développement (jeunes et très jeunes, handicapés,…)

·         Favoriser les mutuelles de solidarité (financière, élevage,..)

                                      

         ***                                       ***                                       ***

Rencontres institutionnelles des experts haïtiens

Dans la foulée du forum, les experts haïtiens ont eu l’occasion de rencontrer des institutions belges et européennes, sur initiative de la Coordination Europe Haïti (CoEH). (lien vers le compte rendu de ces contacts)

 

Rencontres institutionnelles des experts haïtiens dans la foulée du forum des acteurs de développement

Le 6 novembre 2017, dans la foulée du forum des acteurs de développement, différentes rencontres ont été organisées à l’initiative et avec le concours de la Coordination Europe Haïti (CoEH).

1. La Direction générale Développement du Service fédéral Affaires étrangères et Coopération au Développement (DGD) : les experts ont présenté la situation actuelle dans leur pays (avec notamment les problèmes de corruption et de justice) et les priorités pour le développement, plus particulièrement la définition et la mise en pratique d’une politique agricole axée sur les réalités haïtiennes. Un document de positionnement, élaboré par un large groupe d’organisations actives dans le développement rural et présentant des propositions pour le développement agricole, a été remis à la Direction générale du Développement.

Les responsables de cette direction ont pris note de plusieurs éléments à prendre en compte en vue de la visite, en Belgique, du Président J. Moïse en décembre.

Au niveau de la DGD, le rapport du dialogue stratégique, tenu à Port-au-Prince début octobre dans le cadre du programme Haïti et du Cadre Stratégique Commun, est en voie de finalisation et sera communiqué aux différentes parties concernées dès son approbation.

La DGD reste intéressée à être informée sur l’évolution de la situation en Haïti.

2. Département de Norbert Neuser, membre du Parlement européen, qui était en partance pour une mission en Haïti dans le cadre de la 34ème Session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE (Port-au-Prince, 15-20 décembre)

Après une brève présentation de la situation actuelle dans le pays, les deux experts ont mis l’accent sur l’importance de plaider pour un dialogue constructif entre les Autorités haïtiennes et la société civile, ainsi que sur les enjeux d’une politique agricole qui assure la souveraineté alimentaire d’Haïti.

3. Les Services Européens pour l’Action Extérieure (EEAS), plus précisément la Direction des Amériques. Tout comme lors de l’entretien au Parlement européen, David Tilus et Ary Régis ont insisté sur le rôle de la société civile haïtienne dans le développement du pays et sur l’importance du dialogue entre les Autorités haïtiennes et la société civiles.

Les représentants d’EEAS ont reconnu les apports de la société civile et ont encouragé les deux experts haïtiens à poursuivre leur soutien aux initiatives prises par la société civile afin de contribuer au développement du pays.

4. Le Chargé d’affaires de l’Ambassade d’Haïti a également rencontré la délégation haïtienne.

 

Du 7 au 10 novembre, Ary Régis a été l’hôte d’Entraide et Fraternité, qui avait établi un programme de contacts à son intention. Il a notamment été interviewé dans le cadre de l’émission « Juste Terre » d’Entraide et Fraternité/Vivre Ensemble, sur RCF. Directeur de SAKS (Société d’Animation et de Communication Sociale - réseau de radios locales), il a tenu à souligner que, « en Haïti, où les infrastructures routières sont déficientes en dehors des villes, la radio n’est pas un simple divertissement : c’est un outil indispensable qui relie les habitants des campagnes, qui sensibilise, rassemble, mobilise, organise. Il a également présenté les victoires et les défis de ces petites radios, indispensable liant de la société civile » (https://www.entraide.be/Haiti-la-radio-au-service-des-communautes-locales).

 

Haïti Futur - Josette Bruffaerts-Thomas

Veuillez cliquez sur le lien ci-dessous pour lire l'exposé de Josette Bruffaerts-Thomas : Les nouvelles technologies trouvent-elles leur place dans le contexte éducatif haïtien.

Haiti futur - Josette Bruffaerts-Thomas

 

ANNEXE 1: Feuille de route du Ministre de l’Environnement :

Dans le cadre des orientations fixées par le Président Moïse, traduites dans des feuilles de route, remises à chaque ministre, le Premier Ministre Lafontant demande au Ministre de l’Environnement Pierre Simon Georges, de prendre toutes les dispositions nécessaires et de conduire les réformes pour restaurer et l’environnement sur l’ensemble du territoire national. Dans cette perspective, les actions suivantes, articulées autour de 5 axes principaux, sont à entreprendre 


Axe 1 - Gestion des ressources naturelles :
- Renforcer de façon durable, les capacités des exploitants des ressources naturelles ;
- Renforcer les capacités des cellules institutionnelles de l’État et des collectivités territoriales chargées de lutter contre l’exploitation anarchique des ressources forestières ;
- Renforcer les capacités organisationnelles et décisionnelles des acteurs ruraux impliqués dans la gestion des ressources forestières ;
- Réaliser des actions intensives de reboisement ;
- Proposer des projets alternatifs à la population rurale pour lutter contre la surexploitation des ressources ligneuses ;
- Réduire la demande de combustibles forestiers par le développement des énergies alternatives ;
- Contribuer au renforcement des capacités et à la responsabilisation des acteurs locaux impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation des ressources combustibles ;
- Travailler avec les institutions compétentes pour renforcer le cadre normatif, législatif et réglementaire relatif à l’Eau ;
- Mettre en place un système d’inspection et de surveillance de la qualité de l’eau et assurer la sécurité de l’eau destinée à la consommation humaine ;
- Éduquer et sensibiliser pour une consommation rationnelle de l’eau ;
- Mettre en place une capacité de gestion dans toutes les aires protégées du pays.

Axe 2 - Assainissement :
- Réhabiliter le Centre de traitement des eaux usées ;
- Mettre en place une Coordination nationale pour la gestion des déchets ;
- Lutter contre les rejets chimiques pouvant mettre en danger les nappes phréatiques et / ou les eaux de surface ;
- Travailler avec les ministères compétents et les collectivités territoriales en vue de renforcer les capacités des institutions du secteur de l’assainissement en milieu urbain ;
- Promouvoir des mesures d’assainissement de base en milieu rural (hygiène des lieux publics) ;
- Mettre en place un véritable partenariat public-privé dans le domaine de l’assainissement (gestion des déchets aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural) ;
- Assurer la gestion, le conditionnement, la collecte, le transport et l’entreposage des déchets biomédicaux et les ordures ménagères selon les normes prescrites ;
- Encourager et élaborer des normes spécifiques encadrant les PME spécialisées dans le traitement et le recyclage des déchets solides et des déchets biodégradables ;
- Signer des protocoles de partenariat public-privé avec des firmes privées spécialisées dans la gestion des déchets (collecte, transport, traitement, recyclage et valorisation des déchets solides, biomédicaux et biodégradables) ;
- Mettre en place au moins deux décharges modernes et des centres de tri ;

Axe 3 - Aménagement du territoire :
- Lutter contre le développement des constructions anarchiques ;
- Réduire la population vivant à l’intérieur des aires protégées et zones à risques ;
- Définir et mettre en œuvre un schéma global d’aménagement du territoire ;
- Identifier zones de déplacement de population et mettre en place les infrastructures de base.

Axe 4 - Lutte contre les changements climatiques :
- Mettre en place des mesures de protection des mangroves ;
- Mettre en place des infrastructures de rétention d’eau ;
- Restauration des stations hydro-météorologiques des bassins versants stratégiques d’Haïti ;
- Augmenter la superficie en agro-foresterie du pays ;
- Mettre en place des Comités de gestion de bassin versant, particulièrement dans les zones en amont des périmètres irrigués ;
- Élaborer un plan de gestion de l’eau ;
- Rétablir et améliorer le système d’information environnementale.

Axe 5 - Gouvernance et mobilisation financière :
- Développer un nouveau plan d’action pour l’environnement ;
- Intégrer l’éducation à l’environnement dans le cursus du Ministère de l’Éducation Nationale et dans les médias ;
- Mettre en place un programme d’éco-école dans 5,000 écoles et Clubs de jeunes pour l’environnement dans 50 communes dans les 10 départements du pays ;
- Présenter au Parlement une série de lois et faire ratifier les Conventions visant la réorganisation de la gouvernance environnementale, du cadre incitatif et coercitif pour une reprise en main de l’espace physique haïtien ;

a) Loi organique du ministère ;
b) Loi sur les aires protégées ;
c) Loi sur l’aménagement du territoire ;
d) Loi sur l’Agence Nationale des Aires Protégées.

- Identifier et mettre en place des taxes relatives à l’environnement ;
- Favoriser la mise en place d’un Fonds Fiduciaire pour la Biodiversité comme mécanisme de financement de la gestion des aires protégées ;
- Mettre en place mesures d'incitations fiscales favorisant les énergies renouvelables, les filières vertes et les filières bleues ;
- Mettre en place des instruments financiers qui permettent d’augmenter la capacité de mobiliser des ressources à la suite des catastrophes naturelles.

Je vous demande d’engager la préparation du Budget 2017-2018 qui devra être approuvé, après arbitrage du Ministère de l’Économie et des Finances, par le Conseil des Ministres et déposé dans les délais légaux requis au Parlement.

Vous aurez aussi la tâche de renforcer la transparence, la lutte contre la corruption et la bonne gestion des biens et deniers publics. Il vous appartiendra d’organiser, de diriger et d’animer les services, équipes et agents de l’État placés sous votre responsabilité. 

Jack Guy Lafontant, Premier Ministre

 

Rôle des médias dans l’établissement de la démocratie et le développement des communautés locales en Haïti : réalités, enjeux et défis

Ary Régis, SAKS

Quand une institution de communication comme SAKS se donne pour mission la promotion du droit à la communication qui implique l’appropriation des médias par les organisations de base pour dire leur propre parole, parler en leur nom pourrait être en contradiction avec la mission.   Mais comme il est impossible que les 43 radios que SAKS accompagne viennent jusqu’ici, j’accepte l’invitation de la Plateforme Haiti.be pour venir apporter cette parole à nos partenaires ici dans ce forum.

L’objet de cette présentation est de parler du rôle des médias dans l’établissement de la démocratie et le développement des communautés locales, face aux enjeux et défis que cela implique. Donc, je ne saurais le faire sans présenter la réalité du développement et de la démocratie en Haïti. Ainsi, je diviserai cette présentation en 4 parties :
1) niveau de développement d’Haïti, enjeux et défis ;
2) réalité de la démocratie en Haïti, enjeux et défis ;
3) réalité des médias enjeux et défis;
4) rôle des médias face aux enjeux et défis, perspectives.

  1. Développement, enjeux et défis

Si l’on part de l’idée que le développement du pays implique pour tous les haïtiens, inclus ceux des communautés locales, une vie digne, des opportunités pour s’émanciper et l’accès équitable aux richesses du pays sans être exploité, on est en droit de se préoccuper en regardant le rang d’Haïti (163e sur 188 pays pour un IDH de 0.493)) dans le rapport du PNUD (IDH2016) ainsi que le niveau des 3 principaux indices de développement humain rapporté pour Haïti dans ledit rapport:

  • Espérance de vie à la naissance : 63 ans ; menacée constamment par des désastres naturels (ouragans, inondations, séismes, etc.), des épidémies (tel le choléra introduit par la MINUSTAH et qui a provoqué la mort de plusieurs milliers d’Haïtiens) et des soins de santé assurés par 5.9 médecins ou infirmières par 10,000 habitants ;
  • Durée de scolarisation : 4.9 années assurées par 85% de professeurs non-qualifiés, un programme de scolarisation PSUGO (Programme de Scolarisation Universelle, Gratuite et Obligatoire) dont le rapport d’évaluation a révélé l’accès de beaucoup plus d’enfants à l’école mais aussi beaucoup de fraudes et un très faible niveau de qualité de l’enseignement offert
  • Revenu National Brut/habitant de 645 euros avec un recul de 0.7% annuel durant les 40 dernières années et un taux de pauvreté de 0.242 aggravant principalement la vulnérabilité des communautés locales, particulièrement les femmes, les paysans, les handicapés et d’autres minorités sociales.

Tout cela et bien d’autres questions mettent en relief, entre autres, des enjeux :

  • La nécessité de se constituer des ressources humaines nécessaires au développement dans un pays où les jeunes qui représentent la majeure partie de la population sont mal préparés et connaissent le chômage ; où les femmes risquent leur vie en donnant naissance à leurs enfants ; où les paysans qui représentent la plus grande force productive de ce pays essentiellement agricole sont découragés par le faible rendement de leurs terres et n’ont accès à aucun crédit…
  • L’exploitation rationnelle et judicieuse des ressources naturelles (produits alimentaires, eau, matières précieuses, sources d’énergies…) quand on n’a pas de plan d’exploitation…
  • Les choix de développement : quels axes ? Quels secteurs porteurs et prioritaires ? Quelles stratégies ? Quelle politique économique ? Quel financement à un moment où la diminution considérable de l’aide externe est compensée par le recours à des taxes imposées aux secteurs les plus vulnérables et des franchises accordées aux mieux nantis?

Ce qui pose de grands défis aux communautés locales :

  • Insécurité de toute sorte minant la confiance des jeunes poussés à émigrer (Brésil, Chili, Guyane, Mexique, Etats-Unis, Canada, etc…)
  • Dérèglement du climat provoquant des pertes énormes de récoltes et déroutant les agriculteurs
  • Baisse de la capacité de mobilisation des acteurs organisés affaiblis principalement par la logique de « projet » sans recherche de solution visant plutôt « l’assistancialisme » et le clientélisme
  • Inefficience du système éducatif caractérise surtout par son manque d’ancrage dans la réalité
  • La corruption qui gangrène toutes les instances gouvernementales et non-gouvernementales et création de conditions pour la vassalisation des structures étatiques de contrôle.
  1. Démocratie, enjeux et défis

De notre point de vue, la démocratie n’a aucun sens si ce n’est pour l’instauration d’un État de Droit, si elle ne contribue pas au développement du pays et des citoyens. Ainsi la démocratie implique le respect des droits de toutes les personnes, indépendamment de leur sexe ou leur origine sociale. Mais aussi elle implique la participation des citoyens aux prises de décisions concernant la vie nationale, spécialement celle de choisir leurs dirigeants et d’exprimer ses préoccupations et revendications par des moyens prévus par la constitution. Voyons la réalité…

  • Après un cheminement en zigzag durant lequel le pays a connu 3 rendez-vous électoraux (2006, 2011, 2016) d’où sont sortis la quasi-totalité des élus prévus par la constitution, à part cela les élections indirectes des collectivités territoriales sont restées bloquées à l’étape qui permettrait aux citoyens de prendre part aux décisions et de rendre possible la reddition de compte en siégeant les réunions du conseil de gouvernement
  • Trois institutions garantes de la démocratie ne répondent pas encore à l’appel : la Cours de Cassation, le Conseil Électoral Permanent et la Cours Constitutionnelle…
  • Quoique les dernières élections ont permis l’installation d’un nouvel Exécutif et d’une nouvelle Législature, elles ont mis en évidence des pratiques suspectes d’utilisation d’argent douteux, accusant un très faible taux de participation (11%) où le chef d’Etat est élu avec environ 500.000 votes sur plus de 4 millions de votants et beaucoup de contentieux qui laissent planer des doutes sur leur sincérité.
  • L’installation du nouveau gouvernement a mis en évidence les risques de confusion de rôle entre l’Exécutif et le Législatif dont les membres choisissent ouvertement les titulaires de ministère jusqu’à des directeurs de lycée. Ce qui rend difficile l’obligation constitutionnelle des parlementaires de contrôler l’Exécutif
  • Entre-temps des situations d’ingérence externe continuent de marquer la vie politique du pays, alors que les résultats se font encore attendre

Pourtant de grands enjeux politiques sont à signaler, entre autres :

  • La sauvegarde de l’équilibre des pouvoirs dans le système politique haïtien
  • Le respect de la souveraineté populaire, exprimée non seulement dans les élections mais aussi dans les processus de conception et vote du budget. Les récentes manifestations expriment clairement le désir du peuple d’exprimer leur point de vue sur la source et la répartition des ressources du budget
  • Le rôle important des organisations de la société civile et des acteurs populaires, dans l’expression de cette souveraineté

Ce qui présente des défis de taille pour l’établissement de la démocratie

  • La constance de la vigilance citoyenne face aux pertes de valeurs, à la manipulation, au pouvoir de l’argent d’origine douteuse
  • Le renforcement des organisations de la société civile et des acteurs populaires comme rempart de la démocratie
  • La solidarité internationale, le respect mutuel des partenaires (nord-sud, sud-sud) et la transmission de la solidarité par les relations intergénérationnelles
  1. Les Médias et leurs rôle face aux enjeux et aux défis

Selon le CONATEL (Conseil National de Télécommunications), l’instance du Ministère des Travaux Publics, Transports et Communication, chargée de la régulation du secteur en Haïti, il existerait environ 600 médias en Haïti, dont une trentaine de télévisions, 2 quotidiens, 2 hebdomadaires et le reste est constitué de radios. Parmi ces centaines de radios, une quarantaine sont des radios communautaires ou des radios locales de service communautaire avec lesquelles SAKS travaille depuis 25 ans déjà.

Selon le régulateur, il y aurait plus de 8 millions de téléphones portables en circulation, près de 6 millions d’abonnés aux deux compagnies de téléphonie, plus d’un million d’internautes. Plusieurs usagers utilisent les téléphones tant pour des communications téléphoniques que pour accéder à l’internet et écouter la radio (disponible sur Audionow ou des plateformes multimédias des stations de radio).

En plus des émissions de nouvelles, plusieurs médias ont aussi des émissions d’interview en direct, de débat ou de libre tribune. Ce qui montre leur contribution à l’établissement de la démocratie dans le pays. Cependant, au secteur des médias se présentent des enjeux importants et des défis non moins importants.  Parmi les principaux enjeux il y a la liberté d’expression, le pluralisme, la représentativité des acteurs et catégories sociales. Les défis auxquels ils font face tournent autour de l’accès à l’information et à la connaissance, ainsi que le besoin de renforcer le professionnalisme de leur personnel.  Un autre défi de taille concerne l’équilibre entre la recherche de profit et l’éthique, à cause du statut commercial de la majorité des médias qui porte plusieurs d’entre eux à se lancer dans le sensationnalisme pour monter l’audimat et jouer un rôle de vitrine d’acteurs ou de causes pas nécessairement bénéfiques pour la démocratie.

Quant aux radios communautaires, la constitution d’un cadre légal, l’accès à des sources d’énergie alternatives (renouvelables), des moyens d’interconnexion au niveau du réseau, des moyens financiers pour suppléer au bénévolat de moins en moins possible à cause de la détérioration du niveau de vie des paysans qui soutiennent et opèrent les radios, sont autant de défis qui s’ajoutent à ceux que confronte tout le secteur.

Dans ce contexte les médias, qui ne sont pas exempt de défis propres, doivent faire un double effort pour jouer leur rôle face aux enjeux de l’établissement de la démocratie et de la démocratie auxquels font face les communautés locales. Ainsi, entre autres, les medias jouent plusieurs rôles, entre autres, celui de

  • Vigiles des déviations, exactions et violations de la part des pouvoirs de l’Etat haïtien
  • Courroie de transmission de l’expression des acteurs politiques et de facilitateurs de leur participation aux grandes décisions concernant la marche du pays
  • Accompagnateurs des secteurs qui sont désemparés tels les jeunes qui se voient obligés de laisser le pays par milliers
  • Scrutateurs de l’exploration, l’exploitation des ressources naturelles du pays dans le respect des lois et pour le bien de la population
  • Lieux de parole pour des personnes avisées et des acteurs concernés
  • Espaces de débat sur les grandes questions nationales
  • Promoteurs et garants de la liberté d’expression et du pluralisme
  • Entités respectueuses de l’Ethique
  • Promoteurs de la langue et de la culture populaire.

De même, face aux défis, leurs rôles impliquent :

  • La diffusion d’information pertinente pour renforcer la vigilance pertinente
  • La facilitation d’échanges entre les citoyens du nord avec ceux du sud et ceux du sud entre eux
  • La promotion des aspects positifs et les initiatives positives du pays et des acteurs populaires en particulier, surtout les paysans, les femmes et les jeunes
  • La diffusion d’information et de connaissance sur les changements climatiques
  • L’éducation à la citoyenneté
  • La dénonciation, l’alerte, l’interpellation des autorités et de plaidoyer
  • La promotion d’alternatives économiques, spécialement en économie sociale et solidaire
  • La lutte pour l’établissement d’un cadre légal et de régulation pour le fonctionnement des médias communautaires

En termes de perspectives, la mise en place d’un réseau de radios communautaires qui permet le développement de la lutte démocratique tant sur le plan local que national et global. L’approche communicationnelle privilégiée participative des médias communautaires rend plus possible l’établissement de la démocratie et de la démocratie dans les communautés rurales avec leur implication.

Ainsi, l’appui au travail des médias, particulièrement les radios communautaires permettra de transformer Haïti, en faisant d’elle cette Haïti chérie dont rêvent tous les haïtiens et les vrais amis d’Haïti. Merci.

 

L'approche environnementale et territoriale pour une meilleure cohérence des actions de développement en Haïti

Introduction

L’environnement ? En quoi cela me concerne ? C’est l’affaire des décideurs politiques, des élus locaux, de mes voisins voire de la communauté internationale. C’est l’affaire des autres, ce n’est pas la mienne !

Avec un tel raisonnement, pas étonnant qu’Haïti soit dans cet état, un pays à l’agonie où chacun se préoccupe de son bien-être matériel individuel au détriment des autres sans s’inquiéter de la menace qui nous guette tous.

J’ai organisé mon intervention autour de trois catégories d’acteurs :

  • Les élus locaux
  • Les opérateurs du développement en Haïti
  • Les citoyen(nes)

De la responsabilité des élus locaux

Pour administrer un territoire, un élu local doit connaître et comprendre pour agir.

  • Connaître :
  • L’élu local doit acquérir les connaissances de base sur la gestion de l’environnement
  • Il doit entre-autre mesurer et suivre le degré de vulnérabilité environnementale du territoire
  • Comprendre :
  • Il doit maîtriser les jeux et stratégies des acteurs locaux et les compétences des collectivités territoriales
  • Agir : Agir comment ?
  • En informant la population des enjeux de la gestion rationnelle de l’environnement (ressources naturelles…)
  • En respectant et en faisant respecter les normes et règles en vigueur en matière environnementale
  • En associant la société civile aux prises de décisions concernant le territoire
  • En coordonnant et en arbitrant les interventions sur le territoire
  • En définissant une politique/stratégie territoriale (plan communal de développement, plan climat…) tenant compte du changement climatique (mitigation, adaptation) et des spécificités du territoire en fixant des objectifs clairs (projet territorial)
  • En innovant avec des projets pilote audacieux
  • En encourageant les initiatives locales positives
  • En faisant pression sur l’Etat pour qu’il respecte ses engagements au niveau international et national et pour qu’il applique une politique d’aménagement du territoire rationnelle et durable
  • En promouvant les connexions avec des territoires voisins (intercommunalité…) sur des problématiques environnementales communes
  • En promouvant les connexions avec des territoires étrangers pour le partage d’expériences (coopération décentralisée…)

De la responsabilité des opérateurs du développement en Haïti : dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit ; prêcher par l’exemple

Prenons le cas du styrofoam.

On le trouve partout, dans les agences de coopération, dans les ONG, dans les ministères, dans les restaurants, dans les commerces de rue, dans la rue, dans les arbres, dans les ravines, dans les canaux d’irrigation, dans les palétuviers, dans la mer, dans les poissons.

Il embarrasse (plus ou moins et moins que plus) les décideurs politiques et les organisations bien pensantes car tous l’utilisent. Et, tous sont hors la loi, depuis l’arrêté ministériel du 10 juillet 2013 qui en interdit la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation.

Là où le bât blesse c’est quand le styrofoam est utilisé systématiquement dans des activités de prévention et de gestion des risques et désastres (GRD) ou de sécurité alimentaire. Ce serait même risible si ce n’était pas dramatique.

En 2011 Gonaïves était sous surveillance étroite suite aux épisodes dévastateurs de 2004. A l’heure du repas, des véhicules livrent un plein chargement de ces tristement fameuses boîtes blanches. Ces mêmes boîtes qui se retrouveront dans les ravines de la ville, les boucheront et contribueront aux risques d’inondations. Tout le monde mange avec appétit. Tout le monde se félicite du bon travail effectué sur le terrain. Personne ne se demande où finira la course de ces boîtes. Tout le monde s’en fout, les ventres sont pleins, comme les drains de la ville.

Il y a un moment donné où les opérateurs (locaux et internationaux) avec la caution des institutions financières et les services étatiques doivent questionner leurs stratégies d’intervention.

Il ne s’agit pas de rester obnubilé par le cycle de projet, le cadre logique, les résultats attendus, les objectifs fixés, la pression du bailleur qui ordonne de décaisser vite.

Bien souvent la gestion des projets est focalisée sur le « quoi faire », alors que le « comment faire » est autrement plus important pour garantir la cohérence de l’intervention, la crédibilité du message et le changement des comportements. L’urgence est un mauvais prétexte. On peut faire de l’urgence proprement. Le développement, censé être centré sur l’humain, devrait quant à lui être source d’innovations.

De la responsabilité des citoyen(nes)

Il est grand temps de se laver les yeux, de les ouvrir bien grand, d’arrêter de faire semblant et refuser la normalité anormale et inacceptable que certains voudraient nous imposer. Car il n’est pas acceptable de marcher, manger ou dormir sur les détritus. Il n’est pas acceptable de respirer la fumée de véhicules délabrés inaptes à la circulation. Il n’est pas acceptable de voir passer les camions chargés de charbon de bois venant de zones supposées protégées. Il n’est pas non plus acceptable de fermer les yeux devant les tas de bois et de planches dans les marchés. Rien de tout cela n’est normal. Rien de tout cela n’est acceptable.

Le GAFE estime que le changement passe par une prise de conscience individuelle. Arrêtons de critiquer l’autre pour ce qu’il fait ou ne fait pas et regardons-nous dans le miroir. Pour cela il mise sur l’éducation relative à l’environnement qui prône 5 composantes (selon Marc Boutet, Université de Sherbrooke) :

  • la sensibilité envers le milieu naturel (c’est l’empathie),
  • le sentiment de pouvoir-agir (Moi, citoyen(ne), je peux, par mes choix, par mes convictions, quelque-soit ma condition sociale ou économique, contribuer à un mieux-vivre ensemble. Moi, citoyen(ne), j’arrête donc dès maintenant de me convaincre que je ne peux rien faire, d’attendre que l’autre fasse pour moi et je m’engage).
  • les habiletés de participation démocratique,
  • l’exercice d’une pensée critique
  • la capacité de mobiliser des connaissances pour l’action.

Le développement de ces cinq composantes permettrait de redéfinir collectivement la relation entre les Haïtiens et leur environnement.

Conclusion

L’environnement ? En quoi cela me concerne ? C’est l’affaire des décideurs politiques, des élus locaux, de mes voisins. C’est l’affaire de tous, c’est mon affaire et c’est la vôtre : signez la pétition pour dire NON au styrofoam en Haïti sur le site du GAFE wwwgafe-haiti.org (rubrique : Nouvelles).

David Tilus

Les conférenciers

Olga Marcelin - Directrice générale d’AFLIDEPA – « Association des Femmes de Limonade pour le Développement de la Production agricole et de l’Artisanat »

En tant qu’organisation haïtienne, AFLIDEPA travaille à améliorer les conditions de vie des femmes et de leurs familles en promouvant des activités tant agricoles et d’élevage que de transformation et d’artisanat, et en les y formant. Dans le nord d’Haïti, l’organisation encadre 805 paysannes.

Elles témoignent : « Nous sommes capables de faire de l’élevage comme les hommes. Avant, la terre, c’était seulement pour les hommes. Aujourd’hui, les femmes ont leur propre jardin potager et on peut stocker les semences pour l’avenir. (…) On aimerait informer d’autres paysannes, partager avec elles notre expérience, qu’elles comprennent la nécessité de s’organiser ensemble. » Parmi elles une « technicienne agricole » et une « comptable maniant l’informatique », toutes deux aidées par l’organisation.

A titre d’exemple, «  Passer cadeau  » est l’expérience de gardiennage d’animaux domestiques mise en place par AFLIDEPA. Le principe est le suivant : chaque jeune fille/femme reçoit un animal domestique (vache, chèvre …) pour un temps déterminé durant lequel elle prend soin de l’animal dont elle garde le lait et/ou la progéniture. Au bout de ce temps, elle rend l’animal à l’organisation qui le « prête » alors à une autre personne.

Les femmes apprennent ainsi le métier d’éleveuse, auparavant réservé strictement aux hommes, et retirent un revenu de la vente du lait. Cela leur permettra de payer la scolarité de leurs enfants. Pour les Haïtiennes, la priorité, c’est la scolarité de leurs enfants. Les écoles sont rares et très éloignées. De plus, chaque famille doit payer tous les frais de scolarité de ses enfants, ce qui est un énorme frein à la scolarisation.

 Josette BRUFFAERTS-THOMAS - Présidente de l’ONG Haïti Futur (basée en France)

Josette Bruffaerts-Thomas est PDG du Cabinet de conseil Competitive Intelligence Management (CIM) à Paris et présidente-fondatrice de l’association Haïti Futur dédiée à l’éducation et à l’entreprenariat en Haïti. Elle est également présidente de l’Agence du Numérique pour l’Education en Haïti (ADN).

De la campagne haïtienne à Paris, Josette Bruffaerts-Thomas a parcouru un très long chemin. Cette fille de paysans douée pour l'école obtient une bourse pour aller étudier en France, au prestigieux Institut International d’Administration Publique (depuis absorbé par l’ENA) et à l'Université Paris XI. Devenue chef d'entreprise dans le domaine de l'intelligence économique, Josette Bruffaerts-Thomas n'en oublie pas ses origines et fonde en 1994 l’association Haïti Futur, qui soutient des projets tournés vers l’éducation, la construction de bibliothèques et d’écoles, le développement informatique et l’utilisation des nouvelles technologies en Haïti.

Éducation numérique

Haïti Futur et ses partenaires s’appliquent à refonder l’éducation haïtienne en s’appuyant sur les nouvelles technologies pédagogiques - dont l’éducation numérique - pour une éducation de qualité. L’association intervient de différentes manières auprès des écoles dont elle a validé sur le terrain la pérennité et la qualité du corps enseignant et des projets pédagogiques.

Le secteur éducatif en Haïti représente une forte opportunité de développement en même temps qu’un réel défi. Le manque de réglementation et de qualité de l’enseignement conduit à de forts taux de redoublement et d’abandon. Cette situation alarmante est en grande partie due au manque de qualification des professeurs (dont les deux tiers n’ont pas reçu de réelle formation pour enseigner), aux mauvaises conditions d’apprentissage (classes surchargées, fournitures scolaires trop chères), et à la non-application des normes et standards pour un enseignement de qualité. Le milieu rural est le plus fortement touché par ce manque de qualité éducative : 91% des écoles fonctionnent sans électricité, 65% sans eau courante.

Josette Bruffaerts-Thomas s’est également investie dans l’accompagnement et la formation de femmes entrepreneurs en Haïti et le coaching de cadres dirigeants d’entreprises privées et publiques. En plus de ses missions de conseil, elle a enseigné la veille technologique et l’intelligence économique dans plusieurs universités et grandes écoles en France : Paris-Dauphine, Collège Polytechnique, Conservatoire des Arts et Métiers, Université Catholique d’Angers.

Elle est membre du GRAHN – Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle.

Elle a obtenu plusieurs prix : Prix de la Femme Noire Leader, par l’Association européenne des femmes entrepreneurs 2004 ; Trophée de la Réussite au Féminin, par l’Association Euroméditerranée en 2006, Médaille du Sénat français pour l’Amérique latine en 2013.

http://haitifutur.com/site2017/

David Tilus - Directeur général de l’organisation GAFE - « Groupe d’action francophone pour l’Environnement »

Ingénieur civil, membre du Comité d'orientation de l'Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) comme représentant de la Caraïbe. Il est également directeur de GAFE – Groupe d’actions francophone pour l’environnement. Cette ONG est active dans le domaine du développement local et de l’éducation relative à l’environnement.

David Tilus est un fervent militant pour le développement local et la décentralisation. C’est ainsi qu’il intègre le Centre International d’Etudes pour le développement local, en 2003, au sein de l’Université catholique de Lyon en France. Il en sort, en 2005, expert en ingénierie du développement local

David Tilus, expert en ingénierie du développement local, vient d’être nommé membre du Comité d'orientation de l'Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD) comme représentant de la Caraïbe. Cette nomination a eu lieu au cours de la 20e session du Conseil d'orientation de l'IFDD, tenue à Paris les 15 et 16 mai 2017, au siège de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Paris.

À ce poste, M. Tilus est mandaté pour mettre en œuvre les activités de l’IFDD au niveau de la région caribéenne. Il compose avec les sept autres membres, dont le président Alioune Fall, représentant de l’Afrique de l’ouest, le Comité d'orientation ayant la charge d’accompagner des acteurs de développement dans des initiatives relatives à l’élaboration et à la mise en œuvre de programmes de développement durable.

Son entrée au comité d’orientation de l’IFDD est placée sous le signe de la « reconnaissance du travail bien fait. » Il a fait part de ses intentions de dynamiser la région et de la rendre plus présente par rapport à l’approche de développement durable dans l’espace francophone. « Je compte donner vie à ma région en misant sur une stratégie d’action commune touchant les différents secteurs de développement économique et social, notamment l’environnement et l’énergie, pour le développement durable », a déclaré David Tilus, président du Groupe d'action francophone pour l'environnement (GAFE), une organisation qui fait la promotion de l’environnement depuis tantôt 12 ans.

Ary Régis - Directeur général de l’organisation SAKS - « Société d’animation et de communication sociale »

Professeur et Chef du département de communication sociale à la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti (Port-au-Prince), Ary Régis est également Directeur général de SAKS - Société d'animation et de communication sociale. Il est titulaire d’une licence en Sciences de la Communication sociale et un master en Technologie et Communication Educative.

Ary Régis s’intéresse particulièrement à la situation des radios communautaires et aux défis auxquels elles sont confrontées.

Les radios communautaires, selon le Professeur Régis, permettent grandement aux citoyens non seulement de participer à l’information mais aussi d’émettre librement leur opinion. Liberté d’expression et participation communautaire sont donc, pour Ary Régis, deux enjeux majeurs des radios communautaires.

Vu le rôle que les radios communautaires doivent jouer dans l’établissement de la démocratie dans le pays et leur apport dans le développement des communautés locales à travers la formation et la sensibilisation des plus vulnérables sur des questions de santé, de civisme, etc., le Professeur Ary Régis y voit des défis énormes. Il estime que seule une préparation maximale peut les aider à assumer ce rôle. « Quand les radios communautaires s’approprient la nouvelle réalité, elles pourront accomplir leur mission et offrir un accompagnement plus poussé à la population », a-t-il indiqué. Ces entités qui font la promotion des droits de la personne humaine ont pour point fort leur proximité avec les communautés, surtout les plus reculées. Cependant leur talon d’Achille reste la question du financement pour émettre au jour le jour.

Josette Bruffaerts

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Josette Bruffaerts-Thomas est PDG du Cabinet de conseil Competitive Intelligence Management (CIM) à Paris et présidente-fondatrice de l’association Haïti Futur dédiée à l’éducation et à l’entreprenariat en Haïti. Elle est également présidente de l’Agence du Numérique pour l’Education en Haïti (ADN).

De la campagne haïtienne à Paris, Josette Bruffaerts-Thomas a parcouru un très long chemin. Cette fille de paysans douée pour l'école obtient une bourse pour aller étudier en France, au prestigieux Institut International d’Administration Publique (depuis absorbé par l’ENA) et à l'Université Paris XI. Devenue chef d'entreprise dans le domaine de l'intelligence économique, Josette Bruffaerts-Thomas n'en oublie pas ses origines et fonde en 1994 l’association Haïti Futur, qui soutient des projets tournés vers l’éducation, la construction de bibliothèques et d’écoles, le développement informatique et l’utilisation des nouvelles technologies en Haïti.

Éducation numérique

Haïti Futur et ses partenaires s’appliquent à refonder l’éducation haïtienne en s’appuyant sur les nouvelles technologies pédagogiques - dont l’éducation numérique - pour une éducation de qualité. L’association intervient de différentes manières auprès des écoles dont elle a validé sur le terrain la pérennité et la qualité du corps enseignant et des projets pédagogiques.

Le secteur éducatif en Haïti représente une forte opportunité de développement en même temps qu’un réel défi. Le manque de réglementation et de qualité de l’enseignement conduit à de forts taux de redoublement et d’abandon. Cette situation alarmante est en grande partie due au manque de qualification des professeurs (dont les deux tiers n’ont pas reçu de réelle formation pour enseigner), aux mauvaises conditions d’apprentissage (classes surchargées, fournitures scolaires trop chères), et à la non-application des normes et standards pour un enseignement de qualité. Le milieu rural est le plus fortement touché par ce manque de qualité éducative : 91% des écoles fonctionnent sans électricité, 65% sans eau courante.

Josette Bruffaerts-Thomas s’est également investie dans l’accompagnement et la formation de femmes entrepreneurs en Haïti et le coaching de cadres dirigeants d’entreprises privées et publiques. En plus de ses missions de conseil, elle a enseigné la veille technologique et l’intelligence économique dans plusieurs universités et grandes écoles en France : Paris-Dauphine, Collège Polytechnique, Conservatoire des Arts et Métiers, Université Catholique d’Angers.

Elle est membre du GRAHN – Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle.

Elle a obtenu plusieurs prix : Prix de la Femme Noire Leader, par l’Association européenne des femmes entrepreneurs 2004 ; Trophée de la Réussite au Féminin, par l’Association Euroméditerranée en 2006, Médaille du Sénat français pour l’Amérique latine en 2013.

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