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Éducation, Enfance, Santé, Agriculture, Droits de l'Homme, Culture

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Actes du Forum des Acteurs de développement

Ary Régis, SAKS

Quand une institution de communication comme SAKS se donne pour mission la promotion du droit à la communication qui implique l’appropriation des médias par les organisations de base pour dire leur propre parole, parler en leur nom pourrait être en contradiction avec la mission.   Mais comme il est impossible que les 43 radios que SAKS accompagne viennent jusqu’ici, j’accepte l’invitation de la Plateforme Haiti.be pour venir apporter cette parole à nos partenaires ici dans ce forum.

L’objet de cette présentation est de parler du rôle des médias dans l’établissement de la démocratie et le développement des communautés locales, face aux enjeux et défis que cela implique. Donc, je ne saurais le faire sans présenter la réalité du développement et de la démocratie en Haïti. Ainsi, je diviserai cette présentation en 4 parties :
1) niveau de développement d’Haïti, enjeux et défis ;
2) réalité de la démocratie en Haïti, enjeux et défis ;
3) réalité des médias enjeux et défis;
4) rôle des médias face aux enjeux et défis, perspectives.

  1. Développement, enjeux et défis

Si l’on part de l’idée que le développement du pays implique pour tous les haïtiens, inclus ceux des communautés locales, une vie digne, des opportunités pour s’émanciper et l’accès équitable aux richesses du pays sans être exploité, on est en droit de se préoccuper en regardant le rang d’Haïti (163e sur 188 pays pour un IDH de 0.493)) dans le rapport du PNUD (IDH2016) ainsi que le niveau des 3 principaux indices de développement humain rapporté pour Haïti dans ledit rapport:

  • Espérance de vie à la naissance : 63 ans ; menacée constamment par des désastres naturels (ouragans, inondations, séismes, etc.), des épidémies (tel le choléra introduit par la MINUSTAH et qui a provoqué la mort de plusieurs milliers d’Haïtiens) et des soins de santé assurés par 5.9 médecins ou infirmières par 10,000 habitants ;
  • Durée de scolarisation : 4.9 années assurées par 85% de professeurs non-qualifiés, un programme de scolarisation PSUGO (Programme de Scolarisation Universelle, Gratuite et Obligatoire) dont le rapport d’évaluation a révélé l’accès de beaucoup plus d’enfants à l’école mais aussi beaucoup de fraudes et un très faible niveau de qualité de l’enseignement offert
  • Revenu National Brut/habitant de 645 euros avec un recul de 0.7% annuel durant les 40 dernières années et un taux de pauvreté de 0.242 aggravant principalement la vulnérabilité des communautés locales, particulièrement les femmes, les paysans, les handicapés et d’autres minorités sociales.

Tout cela et bien d’autres questions mettent en relief, entre autres, des enjeux :

  • La nécessité de se constituer des ressources humaines nécessaires au développement dans un pays où les jeunes qui représentent la majeure partie de la population sont mal préparés et connaissent le chômage ; où les femmes risquent leur vie en donnant naissance à leurs enfants ; où les paysans qui représentent la plus grande force productive de ce pays essentiellement agricole sont découragés par le faible rendement de leurs terres et n’ont accès à aucun crédit…
  • L’exploitation rationnelle et judicieuse des ressources naturelles (produits alimentaires, eau, matières précieuses, sources d’énergies…) quand on n’a pas de plan d’exploitation…
  • Les choix de développement : quels axes ? Quels secteurs porteurs et prioritaires ? Quelles stratégies ? Quelle politique économique ? Quel financement à un moment où la diminution considérable de l’aide externe est compensée par le recours à des taxes imposées aux secteurs les plus vulnérables et des franchises accordées aux mieux nantis?

Ce qui pose de grands défis aux communautés locales :

  • Insécurité de toute sorte minant la confiance des jeunes poussés à émigrer (Brésil, Chili, Guyane, Mexique, Etats-Unis, Canada, etc…)
  • Dérèglement du climat provoquant des pertes énormes de récoltes et déroutant les agriculteurs
  • Baisse de la capacité de mobilisation des acteurs organisés affaiblis principalement par la logique de « projet » sans recherche de solution visant plutôt « l’assistancialisme » et le clientélisme
  • Inefficience du système éducatif caractérise surtout par son manque d’ancrage dans la réalité
  • La corruption qui gangrène toutes les instances gouvernementales et non-gouvernementales et création de conditions pour la vassalisation des structures étatiques de contrôle.
  1. Démocratie, enjeux et défis

De notre point de vue, la démocratie n’a aucun sens si ce n’est pour l’instauration d’un État de Droit, si elle ne contribue pas au développement du pays et des citoyens. Ainsi la démocratie implique le respect des droits de toutes les personnes, indépendamment de leur sexe ou leur origine sociale. Mais aussi elle implique la participation des citoyens aux prises de décisions concernant la vie nationale, spécialement celle de choisir leurs dirigeants et d’exprimer ses préoccupations et revendications par des moyens prévus par la constitution. Voyons la réalité…

  • Après un cheminement en zigzag durant lequel le pays a connu 3 rendez-vous électoraux (2006, 2011, 2016) d’où sont sortis la quasi-totalité des élus prévus par la constitution, à part cela les élections indirectes des collectivités territoriales sont restées bloquées à l’étape qui permettrait aux citoyens de prendre part aux décisions et de rendre possible la reddition de compte en siégeant les réunions du conseil de gouvernement
  • Trois institutions garantes de la démocratie ne répondent pas encore à l’appel : la Cours de Cassation, le Conseil Électoral Permanent et la Cours Constitutionnelle…
  • Quoique les dernières élections ont permis l’installation d’un nouvel Exécutif et d’une nouvelle Législature, elles ont mis en évidence des pratiques suspectes d’utilisation d’argent douteux, accusant un très faible taux de participation (11%) où le chef d’Etat est élu avec environ 500.000 votes sur plus de 4 millions de votants et beaucoup de contentieux qui laissent planer des doutes sur leur sincérité.
  • L’installation du nouveau gouvernement a mis en évidence les risques de confusion de rôle entre l’Exécutif et le Législatif dont les membres choisissent ouvertement les titulaires de ministère jusqu’à des directeurs de lycée. Ce qui rend difficile l’obligation constitutionnelle des parlementaires de contrôler l’Exécutif
  • Entre-temps des situations d’ingérence externe continuent de marquer la vie politique du pays, alors que les résultats se font encore attendre

Pourtant de grands enjeux politiques sont à signaler, entre autres :

  • La sauvegarde de l’équilibre des pouvoirs dans le système politique haïtien
  • Le respect de la souveraineté populaire, exprimée non seulement dans les élections mais aussi dans les processus de conception et vote du budget. Les récentes manifestations expriment clairement le désir du peuple d’exprimer leur point de vue sur la source et la répartition des ressources du budget
  • Le rôle important des organisations de la société civile et des acteurs populaires, dans l’expression de cette souveraineté

Ce qui présente des défis de taille pour l’établissement de la démocratie

  • La constance de la vigilance citoyenne face aux pertes de valeurs, à la manipulation, au pouvoir de l’argent d’origine douteuse
  • Le renforcement des organisations de la société civile et des acteurs populaires comme rempart de la démocratie
  • La solidarité internationale, le respect mutuel des partenaires (nord-sud, sud-sud) et la transmission de la solidarité par les relations intergénérationnelles
  1. Les Médias et leurs rôle face aux enjeux et aux défis

Selon le CONATEL (Conseil National de Télécommunications), l’instance du Ministère des Travaux Publics, Transports et Communication, chargée de la régulation du secteur en Haïti, il existerait environ 600 médias en Haïti, dont une trentaine de télévisions, 2 quotidiens, 2 hebdomadaires et le reste est constitué de radios. Parmi ces centaines de radios, une quarantaine sont des radios communautaires ou des radios locales de service communautaire avec lesquelles SAKS travaille depuis 25 ans déjà.

Selon le régulateur, il y aurait plus de 8 millions de téléphones portables en circulation, près de 6 millions d’abonnés aux deux compagnies de téléphonie, plus d’un million d’internautes. Plusieurs usagers utilisent les téléphones tant pour des communications téléphoniques que pour accéder à l’internet et écouter la radio (disponible sur Audionow ou des plateformes multimédias des stations de radio).

En plus des émissions de nouvelles, plusieurs médias ont aussi des émissions d’interview en direct, de débat ou de libre tribune. Ce qui montre leur contribution à l’établissement de la démocratie dans le pays. Cependant, au secteur des médias se présentent des enjeux importants et des défis non moins importants.  Parmi les principaux enjeux il y a la liberté d’expression, le pluralisme, la représentativité des acteurs et catégories sociales. Les défis auxquels ils font face tournent autour de l’accès à l’information et à la connaissance, ainsi que le besoin de renforcer le professionnalisme de leur personnel.  Un autre défi de taille concerne l’équilibre entre la recherche de profit et l’éthique, à cause du statut commercial de la majorité des médias qui porte plusieurs d’entre eux à se lancer dans le sensationnalisme pour monter l’audimat et jouer un rôle de vitrine d’acteurs ou de causes pas nécessairement bénéfiques pour la démocratie.

Quant aux radios communautaires, la constitution d’un cadre légal, l’accès à des sources d’énergie alternatives (renouvelables), des moyens d’interconnexion au niveau du réseau, des moyens financiers pour suppléer au bénévolat de moins en moins possible à cause de la détérioration du niveau de vie des paysans qui soutiennent et opèrent les radios, sont autant de défis qui s’ajoutent à ceux que confronte tout le secteur.

Dans ce contexte les médias, qui ne sont pas exempt de défis propres, doivent faire un double effort pour jouer leur rôle face aux enjeux de l’établissement de la démocratie et de la démocratie auxquels font face les communautés locales. Ainsi, entre autres, les medias jouent plusieurs rôles, entre autres, celui de

  • Vigiles des déviations, exactions et violations de la part des pouvoirs de l’Etat haïtien
  • Courroie de transmission de l’expression des acteurs politiques et de facilitateurs de leur participation aux grandes décisions concernant la marche du pays
  • Accompagnateurs des secteurs qui sont désemparés tels les jeunes qui se voient obligés de laisser le pays par milliers
  • Scrutateurs de l’exploration, l’exploitation des ressources naturelles du pays dans le respect des lois et pour le bien de la population
  • Lieux de parole pour des personnes avisées et des acteurs concernés
  • Espaces de débat sur les grandes questions nationales
  • Promoteurs et garants de la liberté d’expression et du pluralisme
  • Entités respectueuses de l’Ethique
  • Promoteurs de la langue et de la culture populaire.

De même, face aux défis, leurs rôles impliquent :

  • La diffusion d’information pertinente pour renforcer la vigilance pertinente
  • La facilitation d’échanges entre les citoyens du nord avec ceux du sud et ceux du sud entre eux
  • La promotion des aspects positifs et les initiatives positives du pays et des acteurs populaires en particulier, surtout les paysans, les femmes et les jeunes
  • La diffusion d’information et de connaissance sur les changements climatiques
  • L’éducation à la citoyenneté
  • La dénonciation, l’alerte, l’interpellation des autorités et de plaidoyer
  • La promotion d’alternatives économiques, spécialement en économie sociale et solidaire
  • La lutte pour l’établissement d’un cadre légal et de régulation pour le fonctionnement des médias communautaires

En termes de perspectives, la mise en place d’un réseau de radios communautaires qui permet le développement de la lutte démocratique tant sur le plan local que national et global. L’approche communicationnelle privilégiée participative des médias communautaires rend plus possible l’établissement de la démocratie et de la démocratie dans les communautés rurales avec leur implication.

Ainsi, l’appui au travail des médias, particulièrement les radios communautaires permettra de transformer Haïti, en faisant d’elle cette Haïti chérie dont rêvent tous les haïtiens et les vrais amis d’Haïti. Merci.

 

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