La situation, en bref
Brève synthèse d’un dossier d’information et de réflexion « Haïti – Education et Formation » élaboré par le Comité de Pilotage de la Plateforme (août 2013), à enrichir tout au long de l’année 2013-2014 mais déjà disponible sur le site dans son état provisoire.
Les intentions nationales :
- La Constitution haïtienne de 1987 garantit le droit à l’éducation de qualité et gratuite.
- En 2007, un programme « Education pour tous » est initié, comprenant la subvention, la formation des enseignants, le renforcement institutionnel et l’amélioration des compétences en lecture.
- En 2011, le président Martelly lance le Programme de Scolarisation Universelle, Gratuite et Obligatoire (Psugo), promettant aux écoles inscrites dans ce programme 6 $US/élève dans le secteur public et 90 $US/élève dans le secteur privé, et reprenant les autres objectifs du programme précédent en y ajoutant notamment la supervision scolaire.
- En août 2014, le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), le professeur Nesmy Manigat, a annoncé, en présence du président de la République, Michel Joseph Martelly et des acteurs impliqués dans le secteur éducatif, un ensemble de douze dispositions majeures arrêtées par le MENFP pour remembrer le système éducatif et dont l’application sera de mise à partir de cette nouvelle année académique.
1) de la délivrance d’un permis provisoire d’enseigner aux 100 000 enseignants identifiés dans le secteur ;
2) toutes les écoles du territoire (environ 20 000) seront désormais dotées d’une carte d’identité, en attendant d’être licenciées définitivement par le MENFP ;
3) les examens de la 6e année fondamentale vont être organisés dans les écoles ;
4) un seul examen du baccalauréat sera organisé dorénavant, appelé : examens de fin d’études secondaires ;
5) l’école fondamentale va être séparée du secondaire qui commence à partir de la 3e ;
6) toutes les écoles essuyant un taux d’échec d’au moins 80%, seront supervisées par le MENFP à des fins d’encadrement (un comité de gestion sera mis en place pour la gestion du personnel enseignant) ;
7) les écoles nationales sont les établissements prioritaires susceptibles d’accueillir la nouvelle cohorte d’enfants bénéficiaires du PSUGO, sauf dérogation du MENFP ;
8) en conformité avec le décret du 8 septembre 1974, aucune école ne sera autorisée à ouvrir ses portes sans l’autorisation du MENFP ;
9) les enseignants atteignant l’âge de la retraite seront invités par le ministère à placer leur demande de pension, aux fins de faire place aux jeunes connaissances ;
10) toute personne désireuse d’intégrer le système éducatif comme enseignant, doit passer par voie de concours, exception faite pour les écoles de formation des maîtres de l’État ;
11) de concert avec le ministère de la Santé publique (MSPP), le MENFP va entreprendre une campagne de vaccination visant à compléter la carte de vaccination des enfants ;
12) tous les ans, on compte honorer des personnes de toutes les catégories impliquées dans le secteur éducatif.
Les constats :
- Malgré quelques avancées, annoncées à grand fracas à l’issue des 2 premières années du Psugo, Haïti continue à connaître l’un des plus faibles taux de scolarisation au monde : 76% au niveau primaire – 22% au niveau secondaire. D’autres statistiques font état d’un taux global de fréquentation de 67 %, qui se réduit à 30 % seulement d’élèves atteignant la fin du cycle primaire.
- On compte 65 % d’élèves surâgés à l’école fondamentale, en raison de l’importance des redoublements et des entrées tardives. Par ailleurs, les abandons sont nombreux : le taux de « survie » en 5e année primaire est de 25 %.
- La qualité de la formation du personnel enseignant et éducatif reste plus que problématique, ce qui influe sur la piètre qualité globale de la formation et de l’éducation, et engendre des grandes différences de niveau entre les écoles.
- 80% de l’offre éducative relève du secteur non-public et la gratuité de l’enseignement reste une réalité très marginale. Or, on constate une détérioration des conditions socio-économiques : « A l’occasion de la rentrée des classes, les parents ne savent à quel saint se vouer pour trouver les moyens nécessaires pour envoyer leurs enfants à l’école. Chaque année, c’est toujours la même rengaine, mais les conditions socio-économiques de la population se sont détériorées encore un peu plus cette année. »
- La gouvernance en matière d’éducation et de formation continue à faire apparaître des faiblesses et des incohérences qui laissent la porte ouverte au détournement et à la corruption.
- Septembre 2014. La réalité scolaire académique s’est détériorée, devenant même chaotique, à l’analyse des données fournies par le Menfp, pour l’année académique 2013-2014, et relatives, notamment, aux résultats des examens officiels.
417 écoles, recensées à l’échelle nationale, ont eu 0 admis en 7e année fondamentale (Af), 80 écoles sont en-dessous de 10% d’admises et d’admis, tandis que 800 autres écoles sont en-dessous de 20% d’admises et d’admis en 7e Af.
Près de 25% des élèves de la 6e année fondamentale et 28% des élèves de 9e année fondamentale ont échoué aux examens nationaux.
Le tableau au niveau du secondaire est beaucoup plus alarmant, puisque 70% des élèves en baccalauréat 1re partie (Bac I) et 50% en baccalauréat 2e partie (Bac II) n’ont pas réussi aux examens officiels 2014.
Les défis prioritaires :
- Le renforcement des structures de gouvernance et de régulation du système éducatif.
- La définition de projets de formation et d’éducation adaptés à la société haïtienne et au monde d’aujourd’hui, incluant notamment une éducation à la responsabilité citoyenne.
- Une formation des éducateurs et des enseignants, en adéquation avec ces projets. *
- Un subventionnement public substantiel et équitable.
- Une attention particulière aux réalités rurales et aux publics les plus précarisés.
- Une recherche d’autonomie financière pour les écoles communautaires * (entreprise d’économie sociale, renforcement des moyens de développement des familles, …).
*C’est à propos d’un de ces 2 défis que notre Groupe de Travail « Education et Formation » (GTEF) s’apprête à construire (à partir de mai 2015) un projet concret, commun à plusieurs associations membres de la Plateforme.
La coopération entre Wallonie-Bruxelles et Haïti :
- 1997 : signature de l’Accord-cadre tripartite République d’Haïti – Communauté française – Région Wallonne. Session de programmation en 2009 : mise au point d’un programme pluriannuel de coopération centré sur l’éducation, la formation professionnelle et la culture, réadapté et prolongé jusqu’en 2013, en raison de l’arrêt lié au séisme de 2010.
- Programme de formation professionnelle et d’éducation de base accélérée pour élèves surâgés (APEFE – WBI) : appui à 12 centres de formation professionnelle.
- EDUCAID : plateforme belge de l’enseignement et de la formation au sein de la coopération au développement. Objectif : renforcer les capacités des organisations et soutenir les politiques et stratégies belges concernant l’éducation et le développement.
- Projets variés des associations membres de la Plateforme Haïti qui mènent des projets dans le domaine « éducation et formation » : notamment, ADI – AYITI KINANM ASBL – CIDeCS HAÏTI-Belgique – CODÉART – DYNAMO INTERNATIONAL – ENFANTS HAÏTIENS BELGIUM AID – ENTRAIDE ET FRATERNITÉ – ESV-HAÏTI – FARNIÈRES HAÏTI POU TI MOUN YO – GEOMOUN – HAÏTI-GUATEMALA-LA-SOURCE – IFAPME GENERAL – KENBÉ FÈM – MISSION INTERNATIONALE DE COOPÉRATION (MIC) – SOLEY LEVÉ – SOLIDARITÉ MONDIALE – SOS HAÏTI BELGIUM – SOURIRES D'ENFANTS – TERRES NOUVELLES – TI GOUT DLO – THEUX/SAINT-MICHEL ASBL – UNIVERSITÉ DE MONS - …